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Le marais a toujours connu des cycles de prospérité et de déclin, dus en particulier à des séries de mauvaises et d’excellentes récoltes, à des tempêtes désastreuses ou à des problèmes de commercialisation. Les moyens de stockage étaient très limités ; les excédents étant stockés sous une simple couche de terre jusqu’au milieu du XXè siècle.
Le véritable centre historique du sel dit « de Guérande » a toujours été Batz et ses villages de Kervalet, Trégaté et Kermoisan, dont l’activité quasi unique durant un millénaire fut le sel. Les activités de négoce y étaient aussi prédominantes grâce à la présence de la mer qui assurait les expéditions via les ports du Coisic et du Pouliguen, avant la création de la voie ferrée (utilisée initialement pour le transport du sel), puis le développement du transport routier.
Dès le début du développement du bassin, la cité de Guérande avait repoussé ses paludiers hors de son enceinte dans les villages de Saillé, Clis et Queniquen, mais n’oubliait pas d’en tirer des profits colossaux. Au 9ème siécle, le terme Varrande était bien connu des scandinaves, deux siècles plus tard on retrouve Garrande. C’est le sel qui a fait la fortune de la ville bien avant sa fortification.
Jusqu’au 17ème siècle, le commerce et le transport du sel étaient assurés par les Bretons qui empruntaient mer et rivières pour assurer sa distribution en permettant aux seigneurs locaux de percevoir une coutume sur le trafic des bateaux. Il sera plus international au 17ème avec une forte présence des hollandais, puis des suédois au 18ème siècle.
A la fin du 18ème les Guérandais se plaignent de concurrence déloyale due à des taxes, ou de celle de produits russes et ibériques, malgré une qualité reconnue (on retrouve des garanties de non mélange avec du sel de Noirmoutier) les exportations déclinent.
Le 19ème sera marqué par les conséquences désastreuses de la politique européenne de Napoléon. Le sel de Guérande subira les taxes remplaçant la gabelle, le blocus continental, et une loi de 1840 qui réduit les droits d’importation et ouvre les marchés de l’ouest aux sels de mine.
Au début du 20ème siècle, le marché Français du sel était encore régional, chacun étant habitué à son mode de production local. Le sel Guérandais alimentait l’ouest de la France par l’intermédiaire de nombreux négociants travaillant directement avec des producteurs.
A partir du milieu des années 1960, l’amélioration des transports routiers, l’industrialisation de la production dans l’est et le sud de la France mettent à mal les petites productions régionales soumises à une concurrence devenue européenne. C’est notamment à cette date que nait la « Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est » dont l’objectif est d’organiser le monopole de la production de sel en France.
Dans les années 1970 une « guerre du sel » a lieu partout en Europe. La tendance pour les produits raffinés, la baisse de consommation du sel alimentaire comme produit de conservation provoquent une baisse de la demande en sel de terroir et provoquent la chute de nombreux négociants du bassin guérandais. Les plus importants sont achetés par la Compagnie des Salins du Midi et des salines de l’Est, celle-ci opte alors pour la disparition des salines de l’ouest de la France, jugées obsolètes et peu rentables.
Cette situation conduit à la baisse des prix, à la fermeture de nombreux sites de production et à la disparition de nombreuses sociétés. Il en découle une désaffection pour le sel de Guérande, un écroulement des ventes et un désintérêt pour les marais salants.