« Osez notre grain de passion dans votre quotidien ! »
Le sel est indispensable à la vie, il symbolise le goût, il permet de conserver les aliments, et même de momifier les corps !
Il purifie, la Bible mentionne que les villes de Sodome et Gomor, l'ont été avec du sel. On change aussi les pécheurs en statue de sel, on éloigne le mauvais sort, on repousse les étrangers indésirables en répandant du sel.
Le sel peut aussi tuer, il désherbe, il ronge, il dessèche et peut rendre l'eau imbuvable, cette dualité à toujours impressionné les hommes.
Ceux qui en étaient privés ont développé de nombreuses techniques des plus inventives pour arriver à s'en procurer ou à en produire.
Ce fut tout au long de l'Antiquité un produit des plus importants, qui a provoqué des échanges très tôt entre les différentes civilisations, et induit des moyens de transport et d'échange universels. Le terme en lui-même est souvent similaire dans les différentes langues.
Les Egyptiens de haute Egypte en ont échangé à certaines périodes au poids de l'or. Il a été de fait très longtemps une monnaie d'échange, le mot salaire vient du latin « salarium », car les soldats romains étaient payés en sel.
Sans le sel, Christophe Colomb n'aurait sans doute pas découvert l'Amérique, et notre culture Guérandaise s'est toujours exportée avec notre produit. Pour ne pas rentrer à vide et être contraints de lester, les bateaux importaient d'autres denrées.
Les puissants de ce monde se sont accaparés sa production et sa distribution, la fameuse gabelle, pouvait par exemple multiplier par 40 le prix du sel de Batz à Angers. Elle fut remplacée par une taxe qui ne disparut qu'en 1945. Les histoires de contrebande et de faux sauniers ne manquent donc pas et les gabelous ont longtemps fait partie du décor.
La fleur de sel ornait autrefois la table des rois, on dit que Louis XIV n'avait à sa table que du sel de notre bassin de basse Bretagne. Elle est encore de nos jours un vecteur important de nombreux symboles.
Au bourg de Batz sur Mer, les enfants de paludiers peuvent toujours être baptisés à la fleur de sel, et lors du pardon de Saint Guénolé, l'offrande de sel est restée un moment fort.
Bizarrement les croyances et superstitions n'ont pas pénétré le marais, la tradition populaire n'a pas conservé de choses à faire ou éviter sur les lieux de production, pour telle ou telle raison. Et ceci même chez des personnes superstitieuses. La seule exception est la croix que l'on trace toujours en fin de saison sur le trémet, pour dit-on faire une bonne saison l'année suivante. Il semblerait que cette croix soit païenne. Les calvaires qui étaient très nombreux sur nos communes, et faisaient l'objet de vénérations, n'ont pas non plus pénétré le marais, le seul Dieu du lieu étant le sel.